Dans le cadre du concours d’idées Europan sur le thème de la ville productive, la ville d’Aurillac a reçu, à l’automne 2017, 32 projets d’aménagement urbain du grand secteur du Foirail.
Où en est aujourd’hui le dossier ?

En participant à ce concours d’idées destiné aux architectes, urbanistes et paysagistes européens de moins de 40 ans, la Municipalité d’Aurillac a souhaité réfléchir au devenir d’un quartier situé en cœur de ville, où le prochain départ de la société ERDF va laisser une friche industrielle de plus de 9 000 m².
Carte blanche était donc laissée aux candidats pour dessiner une partie de l’Aurillac de demain. Parmi les 32 projets déposés, le jury européen du concours, composé de professionnels de l’architecture, a présélectionné cinq lauréats potentiels. À l’issue de cette première étape, le maire d’Aurillac a tenu à exposer aux Écuries des Carmes les cinq esquisses encore en compétition ­afin de solliciter l’avis des Aurillacois sur leur vision de l’avenir d’Aurillac.

Un concours, deux jurys

Désireuse d’impliquer les Aurillacois dans ce projet, la Municipalité d’Aurillac a proposé aux visiteurs de l’exposition de désigner leur projet préféré. Avec 88 voix, l’équipe d’architectes Savoir terre a remporté les suffrages suivis par Le Grand Parc de La Jordanne, À cours et à jardins, Panoplie et enfin Terminus Archipelago.
Un résultat différent de la décision définitive du jury européen, qui a finalement proposé le podium suivant : Le Grand parc de la Jordanne, Panoplie et Savoir terre.

Pour le jury, ces trois projets font apparaître l’intérêt des équipes de créer des synergies entre nature et artefact, introduisant la question des cycles et des risques naturels dans la gestion de la ville, et en misant sur des effets de résilience pour réparer les erreurs urbaines du passé.

Ces projets s’appuient sur les ressources locales pour penser un urbanisme durable et restructurer les mobilités. À noter, la création de typologies inédites pour permettre une mixité des usages et une diversité des pratiques des citadins.
L’enjeu des projets est aussi de proposer des processus qui créent des synergies entre production, domaines public et privé, en permettant un droit à l’initiative par les citadins et en favorisant les pratiques collaboratives.

 

 

Le détail des projets lauréats

LE GRAND PARC DE LA JORDANNE – NOTE DES ARCHITECTES

Les villes moyennes doivent relever de nombreux défis, notamment celui de l’exode paradoxal des citadins vers les banlieues résidentielles, à l’inverse des métropoles dont le centre-ville est généralement très prisé. Cette tendance entraîne une hausse globale de la consommation d’énergie… qui finit par nuire à la qualité de vie en milieu urbain. Pour repenser l’attractivité des centres-villes, il est indispensable de redéfinir les services urbains, comme le logement (sujet sur lequel la ville d’Aurillac se penche déjà), l’emploi, les loisirs et les espaces partagés, tout en veillant à leur fonctionnement rationnel.

Les villes moyennes sont tributaires de la voiture, ce mode de transport prenant sens dans un territoire où les habitations sont souvent isolées. L’enjeu consiste à renforcer son rôle de vecteur urbain, en faisant des parkings des espaces pratiques et agréables où se noue le lien social.

Aurillac peut ainsi devenir une ville avant-gardiste en créant une nouvelle forme d’espace urbain hybride où les habitants du centre-ville profitent du même espace et de la même qualité de vie que les personnes vivant aux alentours.

Ce projet s’articule autour du « Grand Parc », un paysage qui fait la médiation entre les zones urbaines du centre-ville et les grands espaces de la campagne. S’étendant jusqu’aux portes de la ville, il met à profit les opportunités offertes par les parkings, d’une part, et par la structure paysagère née de la Jordanne, d’autre part.

La Jordanne s’invite en ville. Desservi par un sentier de randonnée de 1,5 km reliant les parcours existants, le « Grand Parc » profite d’une situation géographique unique qui met les grands espaces à portée du cœur d’Aurillac. Contrairement au Square, il s’agit d’un vaste espace public : sillonné d’allées piétonnes qui épousent le terrain naturel, il fait la part belle à la végétation en complément du patrimoine arboricole existant. Ces allées intègrent de nombreux services urbains : places de stationnement, cafés, skate park, arrêts de bus, point de retrait des AMAP, aires de jeux pour enfants, locaux associatifs, stations pour vélos électriques, etc.

Espaces hybrides, espaces productifs. Ce projet exploite les friches industrielles, se réapproprie les berges de la rivière, réorganise et optimise le stationnement pour donner plus de liberté aux piétons et favoriser les plantations, et joue sur la topographie pour mettre en scène la ville et le territoire. Les espaces n’ont plus une seule fonction, mais deviennent hybrides. Plusieurs utilisations coexistent : stationnement, collecte des eaux de pluie, réserve pour la biodiversité, production d’énergie, lieux de rencontre ou scènes de théâtre, etc.

PANOPLIE – NOTE DES ARCHITECTES

Aurillac et la Jordanne : réinstaurer le dialogue

La rivière de la Jordanne a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la ville. Aujourd’hui, le stationnement des véhicules sur ses berges coupe cette relation. Le recul du flot de voitures sera une mesure capitale pour amorcer la réconciliation et reconquérir l’espace public historique autour des deux berges. Deux berges, deux ambiances : l’une minérale, l’autre végétale. Traverser la Jordanne donnera ainsi l’impression de passer de la ville à la campagne. Les deux sites clés du projet sont agencés dans cette optique : le Gravier, sur la rive droite et la friche Engie, sur la rive gauche.

Aire de jeux du Gravier et parking intelligent : un opéra urbain

Pour concrétiser cette vision, l’accès aux berges doit être interdit aux voitures. La construction indispensable d’un parking à étages (« en silo ») d’une capacité de 500 places, au sud du Gravier, ouvre le champ des possibles. Cette future installation emblématique regroupera une multitude de services urbains sous un « épiderme » vivant : jardin vertical face à la Jordanne, centre d’activités sur le cours Monthyon, scène polyvalente tournée vers le Gravier. En prévision d’une baisse du nombre de places de stationnement requis, les méthodes de construction de ce bâtiment anticipent sa conversion « en îlot ».

Village Engie à visée pédagogique et productive

La friche industrielle Engie est bien connue des Aurillacois. Si elle fait partie du paysage, ce qui se trouve entre ses murs reste à l’abri des regards. En fonction des attentes des futurs utilisateurs, une phase d’appropriation en trois étapes est prévue : une activation immédiate avec l’ouverture du site et la création d’un forum au sein des anciennes salles ; puis l’instauration d’un programme coécrit, fruit des échanges entre professionnels, écoles et parties prenantes locales, qui illustrera le rêve d’une ville mutualisée, axée sur la production locale et les circuits courts ; et enfin, la prise en compte du paysage dans le cadre d’une vision respectueuse du passé industriel de la zone et de sa topographie. Ce programme mixte pose un cadre pouvant laisser place à diverses extensions et mutations futures.

Panoplie néo-artisanale et néo-rurale

Ce projet conjoint fournit tous les outils nécessaires pour stimuler l’usage diversifié du milieu urbain et entreprendre une activité : il offre une « panoplie » ou boîte à outils du nouveau citoyen « rurbain », c’est-à-dire de toute personne habitant en milieu rural qui souhaite mener une vie active. Panoplie fait le pari qu’Aurillac deviendra une ville de référence en termes d’innovation productive et d’entrepreneuriat, et favorisera l’émergence d’une classe néo-rurale et néo-artisanale pionnière d’une nouvelle forme de production endémique.

Documents
Panoplie

SAVOIR TERRE – NOTE DES ARCHITECTES

Aurillac est une ville nichée au cœur d’un territoire où nature et urbanisme se côtoient. Implantée dans la vallée de la Jordanne, elle bénéficie d’une relation privilégiée avec cette rivière qui serpente jusqu’au Puy Mary à travers la campagne, tel un véritable trait d’union. Le paysage alentour met en valeur la ville, tout en évitant une expansion qui se ferait au détriment des qualités propres à l’environnement aurillacois.

Ce projet s’inspire du matériau brut qu’est le paysage et cherche à exploiter la structure des terres rurales.

En optimisant et en reliant les nombreuses voies de communication existantes, la Jordanne pourrait devenir un point de départ pour découvrir ce territoire. Le tracé d’un nouveau chemin piétonnier entre le centre-ville médiéval et le parc de la Visitation est une invitation à explorer la ville et son environnement.

Le cours Monthyon est rendu aux piétons. Le paysage ouvert s’inscrit dans l’espace urbain grâce à l’aménagement de vastes jardins suspendus. Ces terrasses naturelles, en pente douce, permettent d’observer les représentations données au niveau du kiosque actuel. Sous cet espace vert, un parking accueille les véhicules en toute discrétion.

Sur les berges de la Jordanne, diverses activités sont proposées le long d’un parcours à la végétation abondante. La création d’un théâtre à ciel ouvert fait le lien entre les jardins suspendus, les berges de la Jordanne et le milieu aquatique.

Le Foirail est le point central de ce projet : en effet, l’instauration d’un programme mixte contribue à l’attractivité du centre-ville par l’intermédiaire de la production agricole. La topographie du site est mise à profit pour étager les constructions, afin que les bâtiments offrent une vue dégagée sur la ville. Le cours d’Angoulême renforce son attractivité commerciale. Cette vitrine « vivante », ponctuée d’allées, accompagne le promeneur jusqu’au supermarché participatif et coopératif « Loc’Halle », qui vise à réunir les producteurs locaux et à favoriser les circuits courts. Les places de stationnement existantes sont regroupées dans un parking semi-souterrain qui masque quatre installations de production. Le bâtiment anciennement occupé par Engie est rénové en habitat écologique. Cette initiative expérimentale aura également pour but de sensibiliser à la question du développement durable.

Documents
Savoir terre

Questions à

Pierre Mathonier, maire d’Aurillac

– Qu’est-ce que le concours Europan peut apporter à Aurillac ?

Pour la ville d’Aurillac, c’est la possibilité de bénéficier de propositions innovants pour lesquels elle peut éventuellement passer à une phase d’études urbaines ou à une phase de réalisation concrète des projets. Le centre-ville d’Aurillac présente trois thématiques fortes : la reconquête de l’habitat, le développement de commerces et l’affirmation de notre commune comme ville culturelle et touristique. Pour ces jeunes architectes, le site d’Aurillac est une vaste zone où tous les projets sont encore à ce stade envisageables.

– Que retenez-vous des propositions émises par les candidats ?

Les trois projets sont très différents avec des originalités affirmées sur le plan architectural, paysager, environnemental, social et humain. Aurillac a plusieurs défis à relever pour son avenir. Tout d’abord, la politique d’urbanisme et d’action volontariste en faveur du développement économique doit permettre de renforcer l’attractivité de la ville pour attirer de nouvelles populations. Une action forte a également été engagée pour redynamiser le centre-ville, dont la reconquête est une des priorités de la Municipalité : rénovation du marché couvert, travail sur des îlots intéressants en termes de rénovation ou de démolition-reconstruction, poursuite de l’OPAH-RU et de l’action sur le commerce de centre-ville… C’est dans cet esprit de réappropriation de l’hypercentre que l’équipe municipale a souhaité candidater au concours Europan. Chacun des projets lauréats est susceptible d’amener des réponses à notre problématique.

– Quelles vont être les suites dans les mois à venir ?

Plutôt que de choisir un projet parmi les trois lauréats, les élus municipaux ont fait le choix de proposer aux trois équipes d’architectes de s’unir et de travailler ensemble sur la base d’un scénario coconstruit avec tous les acteurs du dossier. On souhaite faire appel à la capacité de ces jeunes à s’impliquer dans la pensée contemporaine de la ville pour parvenir à une stratégie d’innovation et d’avenir de notre cœur de ville.

 

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